L'ACTUALITÉ

Découverte de souches hypervirulentes à tropisme cérébral et placentaire

23 mars 2016

Des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et du CNRS viennent de publier dans Nature Genetics une vaste étude menée sur près de 7 000 souches de Listeria monocytogenes, les bactéries responsables de la listériose humaine, une infection grave d’origine alimentaire. Elle met en évidence la très grande diversité du pouvoir pathogène de cette espèce bactérienne particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes.

L’étude menée par les chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a porté sur 7 000 souches de Listeria monocytogenes collectées depuis neuf ans dans le cadre de cette surveillance. Le génotypage des bactéries a révélé une très grande hétérogénéité au sein de l’espèce et montré que les souches peuvent être classées en familles génétiques ou groupes clonaux distincts.

Grâce à l’analyse des données épidémiologiques, les chercheurs ont démontré que certains groupes clonaux sont plus fréquemment associés aux infections graves alors que d’autres le sont aux aliments. Par ailleurs, les souches les plus associées aux infections ont semblé les plus invasives car elles affectent plus fréquemment le système nerveux central et le fœtus que les souches les plus associées aux aliments.

L’existence de souches hypervirulentes prouvée

Ces résultats, note l’Inserm, suggèrent l’existence de souches hypervirulentes, hypothèse que les scientifiques ont confirmée. Pour parvenir à découvrir les bases génétiques de cette hypervirulence, les chercheurs ont entrepris un séquençage génomique d’une centaine de souches représentatives des groupes clonaux majoritaires.

L’analyse comparative de ces séquences génomiques a permis d’identifier un grand nombre de gènes fortement associés aux groupes clonaux hypervirulents. Il a été démontré expérimentalement que l’un d’eux est impliqué dans le tropisme cérébral et foeto-placentaire de L.monocytogenes.

« Ces résultats, conclut l’Insem, ouvrent la voie à la compréhension des mécanismes responsables des listérioses neurologiques et materno-néonatale. » Les scientifiques plaident aussi pour « le recours à des souches hypervirulentes représentatives des infections humaines afin d’améliorer la pertinence clinique et physiopathologique des travaux de laboratoire ». En effet, actuellement, la majorité des recherches sur L. monocytogenes s’effectuent encore sur des souches de référence qui ne sont pas hypervirulentes.

Informations supplémentaires

  • Accès Restreint: non