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Sclérose en plaques: un anticorps pour bloquer la progression des troubles moteurs Sclérose en plaques: un anticorps pour bloquer la progression des troubles moteurs

Sclérose en plaques: un anticorps pour bloquer la progression des troubles moteurs

03 octobre 2016

Une équipe de chercheurs de l’Inserm1 vient de développer un anticorps possédant des effets thérapeutiques potentiels contre la sclérose en plaques. Les résultats de ces travaux, qui viennent d’être publiés dans la revue scientifique de référence Brain, ouvrent « la voie à une nouvelle stratégie pour lutter contre cette maladie ».

La sclérose en plaques est une maladie qui affecte le système nerveux central. C’est la cause la plus fréquente d’invalidité neurologique chez le jeune adulte. Cette pathologie est considérée comme auto-immune : le système immunitaire, censé protéger l’organisme, attaque ses propres constituants.

Dans ce cas, les cellules immunitaires, en particulier les lymphocytes, détruisent la gaine de myéline qui entoure et protège les prolongements des neurones : les axones. Cela marque le début d’une dégénérescence de l’axone et perturbe la transmission de l’influx nerveux. Ces lésions, sous forme de plaques, sont dispersées au niveau du cerveau et de la moelle épinière et provoquent des symptômes très variables d’une personne à l’autre. Le plus souvent, la maladie se manifeste par poussées, avec l’apparition de troubles moteurs, sensitifs et cognitifs. Au fil des années, ces symptômes peuvent évoluer vers un handicap irréversible. « Les traitements actuels réduisent les poussées et améliorent la qualité de vie des patients mais ne luttent pas contre la progression de la maladie », souligne l’Inserm.

« Une thérapie prometteuse »

Pour que les cellules du système immunitaire circulant dans le sang atteignent le système nerveux central, elles doivent franchir les barrières hémato-encéphaliques (sang/cerveau) et hémato-médullaires (sang/moelle osseuse).

Lors d’une précédente étude sur un modèle d’accident vasculaire chez la souris, les chercheurs de l’Inserm avaient étudié l’un des acteurs participant à l’ouverture de la barrière hémato-encéphalique, le récepteur NMDA. Ils avaient en particulier observé que le blocage de l’interaction de ce récepteur avec une protéine de la famille des protéases à sérine, le tPA, avait des effets bénéfiques sur le maintien de l’intégrité de cette barrière.

Les chercheurs ont donc élaboré une stratégie pour bloquer l’interaction du tPA avec le récepteur NMDA dans le cas de sclérose en plaques. Dans cette perspective, ils ont développé en laboratoire un anticorps monoclonal (Glunomab®) dirigé sur le récepteur NMDA sur le lequel se lie le TPA. L’utilisation de cet anticorps empêche en effet, chez l’homme, l’ouverture des barrières hémato-encéphaliques et hémato-médullaires, limitant ainsi le passage des lymphocytes.

L’équipe de l’Inserm a testé les effets thérapeutiques de cet anticorps dans le cas d’un modèle expérimental de sclérose en plaques chez la souris. « Après une injection intraveineuse de Glunomab® chez la souris, la progression des troubles moteurs, évaluée par un score clinique, est bloquée, constate l’Inserm. Cet effet est associé à une diminution de l’infiltration des lymphocytes » ainsi qu’à une « démyélinisation réduite ». Selon l’Inserm, « cette stratégie pourrait représenter une thérapie prometteuse pour lutter contre la sclérose en plaques ».


1 Unité Inserm U919 du Pr Denis Vivien, « Sérine protéase et physiopathologie de l’unité neurovasculaire ».

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Dernière modification le mercredi, 12 octobre 2016