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Faut-il sauver le soldat Cofrac ?

28 octobre 2015

Le processus d’accréditation des laboratoires de biologie médicale court droit à l’accident industriel. Mais le SDB ne participera pas au sauvetage du Cofrac, son unique maître d’œuvre, si l’accréditation reste ce dispositif normatif et absurde, plus préoccupé par le contrôle des laboratoires que par la qualité des soins apportés aux patients. Comme il le répète depuis prêt de quinze ans, le SDB n’est favorable à l’accréditation que si elle sert une biologie médicale au service de la qualité des soins, basée sur la relation entre un professionnel de santé et son patient.

En juin 2001, dans le numéro 1 de son nouveau magazine Biologie Médicale, le SDB se prononçait pour une biologie centrée sur le patient, pour la promotion d’une qualité pour tous et pour la  transparence avec l’usager.

Neuf ans plus tard, en 2010, la décision de la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne) plaçait la biologie médicale française là où elle devait être : une profession médicale, intégrée à l’équipe de soins, attentive à l’efficience des examens de biologie médicale prescrits aux patients et assumant la responsabilité de l’interprétation des résultats.

Quatorze ans plus tard, en 2015, nous voici face au mur de l’accréditation. Que s’est-il passé ? Nos arguments auprès du législateur en faveur d’une application intelligente et adaptée de l’obligation d’accréditation n’ont jamais été entendus. Il a en effet voté des textes et des concepts prescrits par des hommes et des femmes - au départ, biologistes pour certains et ensuite, devenus conseillers - qui n’ont cessé de vouloir convaincre les décideurs politiques du bien-fondé de leurs idées théoriques.

Idées qui ont mené l’accréditation dans l’impasse. À tel point que la Direction générale de la santé (DGS) vient d’être missionnée pour, comme le dit son Directeur général, « sauver le Soldat Ryan », autrement dit, le soldat Cofrac. Car la question se pose bel et bien. Mais le SDB n’est pas du tout certain de répondre « oui ». Il est en effet difficile de nous demander de faire partie de l’équipe de sauvetage alors que jamais nos arguments expliquant que les pouvoirs publics prenaient le mauvais chemin n’ont été entendus.

De plus, outre le fait que, dès le départ, la délégation d’une mission de contrôle au Cofrac ne nous convenait pas, nous ne pouvons que constater que la composition de la section Santé humaine de l’organisme regroupe toujours les mêmes promoteurs de la même pensée unique d’origine tandis que que la Commission technique d'accréditation (CTA) est tout sauf une instance en mesure d’accompagner les biologistes médicaux de façon pratique dans leur vie quotidienne.

Tout changer. Pour que le sauvetage soit envisageable, il faut que l’accréditation cesse enfin d’être un simple outil de contrôle des laboratoires et devienne ce qu’elle aurait toujours dû être, à savoir un processus au service de la qualité des soins apportés au patient. Enfin, nous voulons que l’accréditation se rapproche des valeurs que nous défendons depuis le départ : une qualité pour tous qui permette à chacun de progresser par palier, en cohérence avec la réalité économique de notre profession et acceptable par tous les biologistes médicaux.

Bref, en finir avec la vision théorique actuelle symbolisée par les 100 % de l’activité accréditée. Et revenir à un dispositif qui serve réellement l’objectif auquel nous restons indéfectiblement attachés : l’engagement pour une biologie médicale au service de la qualité des soins, basée sur la relation entre un professionnel de santé et son patient.

Sauver le soldat Cofrac serait donc possible si l’accréditation devenait un enjeu partagé pour le bien des patients. En revanche, nous ne ferons pas partie de l’équipe de sauvetage si, comme c’est encore le cas aujourd’hui, il ne s’agit que de rester dans ce chaos indescriptible qu’est devenue une accréditation normative, contrôlée par un petit nombre d’administratifs. 

Dernière modification le vendredi, 11 décembre 2015