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Staphylocoque doré: décryptage d'une stratégie de résistance à certains antimicrobiens Staphylocoque doré: décryptage d'une stratégie de résistance à certains antimicrobiens

Staphylocoque doré: décryptage d'une stratégie de résistance à certains antimicrobiens

30 novembre 2016

Des chercheurs1 viennent de mettre en évidence une stratégie de résistance du staphylocoque doré jusque-là controversée : la présence naturelle d’acides gras dans le corps humain favoriserait en effet la résistance de ce pathogène majeur à certains antimicrobiens.

Soupçonné d’être un antibactérien, le triclosan - qui appartient à une famille de composés antimicrobiens qui inhibent la voie de biosynthèse des acides gras, lesquels sont des éléments vitaux pour les bactéries - a été retiré de la liste des substances autorisées comme additif par la Commission européenne pour les produits d’hygiène. Or, ce type de molécules constitue une piste privilégiée pour le développement de nouveaux antibactériens.

Dans leurs travaux publiés dans Nature Communication, les chercheurs ont constaté, dans des milieux de culture contenant des acides gras naturellement présents chez l’homme ainsi que du triclosan, l’apparition et la multiplication de souches résistantes par mutation (augmentation d’environ cent fois).

Notre peau, une niche favorable aux résistances

« Des staphylocoques résistants présents dans cette étude synthétisent normalement leurs propres acides gras en l’absence de triclosan mais sont devenus capables d’incorporer efficacement ceux présents dans le milieu de croissance en présence de triclosan », expliquent les scientifiques.

Notre peau, riche en acides gras et naturellement colonisée par des bactéries, en particulier les staphylocoques, pourrait donc constituer une niche favorable au développement de bactéries résistantes lors de l’utilisation d’un produit cosmétique contenant un anti-FASII comme le triclosan. L’utilisation d’inhibiteur de FASII pour traiter des infections staphylococciques comporte le même risque.

C’est pourquoi les chercheurs soulignent « l’importance d’étudier, lors du développement de nouveaux agents antimicrobiens, l’adaptation évolutive des bactéries dans des conditions de croissance mimant les situations naturelles de colonisation ou d’infection, c'est-à-dire dans des milieux de culture contenant des acides gras humains. »


1 Des chercheurs de l’Inra, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur, de l’hôpital Cochin (AP-HP), du CNRS et de l’université Paris Descartes.

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Dernière modification le mercredi, 30 novembre 2016