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A Vitrolles, cet été, c’est un biologiste qui a boosté la mobilisation de tous les acteurs de la ville contre l’épidémie de chikungunya Spécial

16 octobre 2025

En charge, avec d’autres biologistes, de quatre laboratoires à Vitrolles, lesquels couvrent 90 % de la population de cette commune d’environ 45 000 habitants, Farid Mersali raconte comment il a contribué à détecter et à circonscrire la propagation du chikungunya, dans sa ville, cet été.

« Mi-juillet, nous avons diagnostiqué, par test PCR, un premier cas de chikungunya autochtone positif, se souvient le Docteur Farid Mersali. Dans la mesure où ce genre d’arbovirose doit légalement être déclarée par mail, de manière anonymisée, à l’ARS, nous avons pris l’habitude, au sein de nos LBM, de le faire nous-mêmes d’autant que les généralistes ne sont pas forcément rompus à cette procédure. »

Une étape qui voit, là encore, les biologistes assumer pleinement leur mission de santé publique. « Le but est d’éviter tout manquement à cette obligation, insiste Farid Mersali. Il ne s’agit pas seulement de remplir un formulaire. Il faut rappeler le patient et son médecin pour avoir des informations supplémentaires, notamment sur l’évolution de l’état de santé de la personne. C’est le rôle des biologistes d’avertir les autorités sanitaires. »

Des supports pédagogiques diffusés auprès des professionnels de santé

A fortiori lorsqu’une situation sanitaire empire lentement mais sûrement. « Le 22 juillet, nous avons diagnostiqué un deuxième cas autochtone, poursuit le Dr Mersali. J’ai de nouveau rempli le dossier de déclaration. Cette fois, l’ARS m’a appelé. J’en ai profité pour savoir si elle avait averti les médecins généralistes de la ville de la survenue de ces cas. »

Si l’ARS avait bien diffusé une alerte, celle-ci avait été émise de façon générale sur l’ensemble de la région PACA, et avec un certain décalage dans le temps. L’ARS n’avait pas spécifiquement prévenu les médecins de Vitrolles, là où les cas de chikungunya étaient apparus. Ni courrier ou mail spécifique, ni appel téléphonique.

« Si bien que je lui ai demandé de me fournir de la documentation et des supports pédagogiques, élaborés par Santé publique France, afin de les diffuser auprès des médecins et des professionnels de santé de Vitrolles. En effet, nous faisons partie d’une CPTS qui comprend environ deux cent cinquante professionnels médicaux et paramédicaux, lesquels ont été sensibilisés par mail. »

Le but était de faire œuvre à la fois de pédagogie et de prévention. « Cette pathologie est impossible à diagnostiquer si l’on ne se soumet pas à un test PCR ou à une sérologie, explique Farid Mersali. En ce qui me concerne, je me suis efforcé de personnaliser au maximum le message en appelant plusieurs généralistes afin de leur expliquer les choses et qu’ils fassent preuve de vigilance. Il est également nécessaire que lorsqu’ils en ont la possibilité, les professionnels de santé avertissent les gens de la nécessité de se protéger des moustiques et que s’ils ont, de manière inexpliquée, des courbatures, de la fièvre ou une irruption cutanée, ils doivent consulter. »

Détection de 38 cas supplémentaires

Toujours est-il que le fait d’avoir initié cette démarche a permis l’identification de trente-huit cas supplémentaires en l’espace d’une quinzaine de jours, début août. « Cette épidémie s’est concentrée sur une petite zone résidentielle du quartier de la Ferme de Croze, à Vitrolles. Le moustique Tigre, qui propage le chikungunya, a, en effet, la particularité de se déplacer sur de faibles distances », précise le Docteur Farid Mersali. C’est pourquoi l’ARS a alors déployé des moyens supplémentaires en envoyant sur place un entomologiste ainsi que des spécialistes de l’environnement afin de procéder à une démoustication écoresponsable qui préserve la faune, la flore et la population. Par ailleurs, un médecin avait pour mission de faire du porte-à-porte pour inciter les gens à se faire dépister en cas de symptôme anormal. En outre, l’ARS a contacté tous les patients contaminés pour qu’ils prennent les mesures de précaution requises à l’égard de leur entourage et savoir s’ils avaient des proches qui présentaient un signe suspect.

En lien avec la municipalité

A noter, enfin, qu’un vide-grenier avait été programmé dans le quartier de la Ferme de Croze alors que l’épidémie battait son plein. Farid Mersali a suggéré à la Mairie de le déplacer, ce qu’elle a fait pour éviter de nouvelles contaminations et qu’il lui soit reproché de ne pas avoir respecté le principe de précaution.

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Dernière modification le jeudi, 16 octobre 2025