Une offre de proximité efficiente…
Comme l’ont constaté l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale des finances (IGF) dans leur rapport de mai 2025, les biologistes médicaux français offrent « un maillage territorial satisfaisant, avec 99,8 % de la population à moins de 30 minutes d’un site de prélèvement ».
En outre, nous compensons, sans reconnaissance ni valorisation tarifaire, les lacunes grandissantes de l’offre de soins. Les biologistes médicaux jouent un rôle central dans le parcours de soins. Nous gérons ainsi, au quotidien, la pertinence des prescriptions et orientons les patients dans toutes les situations où le médecin prescripteur n’est pas joignable directement, en particulier lorsque les résultats mettent en jeu le pronostic vital*.
… très fortement fragilisée et menacée
Mais ce maillage est fragile, les biologistes médicaux français ayant de plus en plus de mal à le maintenir en raison de dix ans de baisse continue de leurs tarifs, alors que le volume d’actes n’a cessé d’augmenter, tout comme l’inflation, et donc les charges fixes de leurs structures (voir notre note de conjoncture en pièce jointe).
Or, le même rapport IGAS-IGF, sur la base de chiffres obsolètes qui ne rendent plus compte de la réalité de 2025, préconise des mesures qui ne peuvent que donner un coup fatal au secteur et conduire à la fermeture de nombreux sites de prélèvement sur le territoire, diminuant ainsi l’offre de soins à moins de 30 minutes.
Nous partageons votre préoccupation de maintenir une offre de soins et de santé.
La France devrait être fière de sa biologie médicale, et même exporter son modèle d’organisation : pour 1,5 % des dépenses de l’Assurance maladie, nous fournissons des résultats avec un délai d’accès et de rendu extrêmement court, le plus souvent le jour même, ce qui contribue à la pleine efficience du système de santé.
Nous disposons en outre des infrastructures, des technologies et des compétences, mais surtout d’un réseau de proximité pour accélérer la bascule de notre système de santé vers une logique de prévention, et ainsi en assurer la soutenabilité à long terme, tout en luttant contre les déserts médicaux.
Un logiciel de pensée à changer en urgence
Mais des dogmes profondément ancrés au sein des services du ministère de la Santé et de l’Assurance maladie empêchent toute avancée constructive sur ce terrain.
Nos interlocuteurs persistent à prendre pour exemple le modèle allemand, qui est moins efficient que le nôtre et inadapté à l’organisation de notre système de santé :
- le système de santé allemand n’offre pas de biologie médicale de proximité, sauf éventuellement pour les patients les plus aisés, non assurés dans le système public ;
- pour autant, le coût de la biologie médicale allemande est plus élevé que le nôtre (les dépenses de biologie médicale par habitant étaient 1,5 fois plus élevées en Allemagne qu’en France en 2022 : 82 € contre 57 €, et ce avant même les dernières baisses de tarifs de près de 20 % subies depuis).
Résultat : tout est en place aujourd’hui pour que la France détruise le plus beau réseau de biologie médicale qui existe dans un pays européen (moderne, qualitatif, efficient), alors même que notre spécialité est essentielle pour demain : lutte contre l’antibiorésistance, les épidémies et les pandémies, prévention, médecine personnalisée…
Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre de la Santé, les biologistes médicaux français (tous pharmaciens et médecins spécialisés en biologie médicale), ainsi que leurs équipes, comptent sur votre regard neuf pour enfin ouvrir un dialogue constructif et sans a priori. Nous sommes absolument persuadés que tout le monde y gagnera : les Français, comme l’efficience de notre système de santé.
N’ayez pas peur : changez une méthode qui ne fonctionne plus, et considérez-nous comme des alliés. Un premier dossier symbolique serait de débloquer celui de la vaccination et de permettre enfin aux biologistes et à leurs équipes de participer pleinement et concrètement à la mobilisation de tous les acteurs de santé sur ce sujet majeur pour la santé publique. Un dossier que votre prédécesseur au ministère de la Santé avait promis de régler.
* Les biologistes compensent, au quotidien, de nombreuses situations : absence de médecin traitant à la suite de son départ (retraite, déménagement, etc.), médecin uniquement joignable via une plateforme de prise de rendez-vous, structures ouvertes à temps partiel, centres médicaux de soins immédiats (CMSI) fermés après 20 h…