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VIH : découverte des clés d'entrée dans le noyau cellulaire

08 juin 2016

Des chercheurs de l’Institut Curie et de l’Inserm viennent d’identifier les voies d’entrée du VIH dans le noyau des cellules qu’il infecte et la façon dont il parvient à s’intégrer à leur ADN1. Cette phase cruciale était jusqu’alors relativement peu connue.

L’infection par le Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) entraîne une destruction régulière de certaines cellules du système immunitaire, les lymphocytes CD4. Pour y parvenir, le VIH doit infecter ces cellules, se répliquer et se multiplier. Or, cette étape de la reproduction du VIH dépend de sa capacité à pénétrer dans le noyau des cellules infectées et à s’insérer dans leur ADN.

Les étapes préalables, de l’entrée du virus dans les lymphocytes CD4 jusqu’à son ancrage au niveau de l’enveloppe cellulaire en passant par la synthèse de l’ARN viral en ADN, étaient assez bien décrites. En revanche, notent les experts, les mécanismes permettant le passage de cet ADN dans le noyau sont restés jusqu’à aujourd’hui « relativement peu connus ».

Xavier Lahaye, l’un des membres de l’équipe qui a participé à cette étude, souligne toutefois que l’on « savait que la Cyclophiline A (CypA) contribuait à cette étape de l’infection par le VIH. Cette molécule se lie à la capside virale, ce qui favoriserait le passage du virus à travers l’enveloppe nucléaire ». Mais la suite du processus demeurait encore mystérieuse.

Identification d’un « point faible du cycle viral »

« Tout est parti de l’identification de mutants des différentes formes de VIH (VIH 1, VIH 2 et VIH simien) pour lesquels la pénétration dans le noyau est bloquée par la Cyclophiline A. A partir de là, l’équipe Immunité innée chez l’homme (Inserm/Institut Curie) a enchaîné les découvertes », Xavier Lahaye.

Les chercheurs ont notamment montré que la protéine de membrane SUN2, pourtant essentielle à l’infection des cellules dendritiques et des lymphocytes par les virus sauvages VIH 1 et VIH 2, participe activement au blocage des mutants du VIH à l’entrée dans le noyau. Pour eux, ce mécanisme, conservé entre les différentes formes de VIH, constitue « un point faible du cycle viral ». Comme les traitements agissent seulement en bloquant la multiplication du virus et que sa réplication dépend entièrement de son accès au noyau de la cellule cible, ils estiment que « l’identification de toute faille est "bonne à prendre" pour ce virus passé maître dans l’art de se soustraire à la réponse immunitaire ».


1 « Nuclear envelope protein SUN2 promotes Cyclophilin A-dependant steps of HIV réplication », cell report, avril 2016.

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Dernière modification le mercredi, 08 juin 2016